Le téléphone rouge

By AD, 30/09/2015

Le téléphone rouge : kézako ?

Afin de mieux comprendre ce qu’est le téléphone rouge, revenons en 1962. Le mois d’octobre de cette année était marqué par la plus grave crise mondiale de l’après-guerre : la crise des missiles de Cuba. En octobre 1962, après avoir détecté la présence de missiles soviétiques se dirigeant vers l’île communiste de Cuba (se trouvant à quelques kilomètres au sud de la Floride), les Américains ont décidé de faire un blocus des navires soviétiques. Les deux parties se livrent donc à véritable bras de fer et le monde entier se retrouve au bord de la guerre nucléaire totale.

Fort heureusement, les deux protagonistes reprennent le dialogue. Le conflit nucléaire est donc évité de justesse ! Après la crise de Cuba et plus précisément en 1963, le président des Etats-Unis, John Fitzgerald Kennedy et Nikita Khrouchtchev, le premier secrétaire soviétique, décident de mettre en place le « téléphone rouge ».

Contrairement à une croyance populaire, il ne s’agit pas d’un téléphone proprement dit,  en effet, le téléphone rouge est un télétype ou un circuit télégraphique liant Washington et Moscou. Aussi, il ne transmet pas de voix, mais des messages écrits en toutes lettres dans la langue et l’alphabet du pays émetteur. Le message sera transmis grâce à un téléscripteur (en savoir plus sur l’histoire du télégraphe).

Pour assurer la liaison entre Washington et Moscou, le téléphone rouge a recours à un câble transatlantique et passe par Londres, Copenhague, Stockholm, Helsinki. Un deuxième circuit radiotélégraphique suivant le trajet Washington – Tanger – Moscou est également utilisé.

L’objectif de la mise en place du téléphone rouge

Signée le 20 juin 1963 à Genève, la mise en place du téléphone rouge répond à un objectif précis : prévenir les nouvelles crises et faire en sorte qu’elles ne génèrent pas de conflits armés. Ce circuit télégraphique permet avant tout de combler les lacunes de communication qui existait auparavant entre les deux superpuissances. Sa rapidité surtout en cas de situation d’urgence reste son premier avantage, ce qui explique son nom de « téléphone rouge », le téléphone de l’urgence.

A noter qu’avant 1963, un message de Moscou pouvait mettre jusqu’à 12 heures pour arriver à Washington ! Pour couronner le tout, il n’y avait pas de ligne téléphonique directe entre le Kremlin et son ambassade implantée à Washington.

Outre sa rapidité, le téléphone rouge assure la clarté des messages et évite les quiproquos et les mauvaises interprétations. Cela est particulièrement important dans la mesure où, à l’époque, le contexte était très tendu et qu’un simple malentendu pouvait être vecteur de guerre nucléaire entre les 2 superpuissances communiste et capitaliste.

Bien que la toute première communication émise via le téléphone rouge date du 30 aout 1967, ce n’est que quatre ans après, et plus précisément pendant la guerre de Six Jours que le système est utilisé officiellement pour la première fois ! Confrontant Israël et les Pays arabes, cette guerre impliquait indirectement les deux superpuissances. En effet, tandis que les Etats-Unis se rangeaient du côté d’Israël, l’URSS soutenait les pays arabes.

Le téléphone rouge a également joué un grand rôle pendant la guerre entre l’Inde et le Pakistan ou encore lors de la guerre du Kippour en 1973. Depuis 1971, ce système a fait l’objet de nombreuses améliorations.

En transformant grandement les moyens de communication, les transformations technologiques ont rendu le téléphone rouge caduc. Même si ce système n’est plus utilisé de nos jours, son rôle dans le passé est loin d’être négligeable. Aujourd’hui encore, le fameux téléphone rouge fait travailler l’imagination de générations entières.